Quelle part accorde-t-on à l'Oeuvre dans le processus d'écriture, que ce soit au niveau stylistique ou au niveau de la présentation des idées qui la composent?
Que ceux qui n'ont pas compris la première phrase de l'article lèvent le doigt...
Quoi? Tout ça? Comment ça, on n'est pas en cours de philo?
En gros, la question, c'est : de quelle façon prenez-vous en compte l'oeuvre que vous produisez au moment où vous la produisez?
Ce n'est pas plus clair?
Est-ce que l'Oeuvre a sa propre logique, ses propres impératifs, au niveau de sa structuration et de son style, ou est-ce que c'est vous qui faites ce que vous voulez, et l'Oeuvre, au final, c'est la plus ou moins longue suite de mots que vous avez faite?
Est-ce que les chapitres ont une longueur prédéterminée par un critère qui vous est propre ? J'ai entendu récemment un auteur (amateur, mais auteur quand même, au même titre que nous tous ) me dire que ses chapitres avaient tous à peu près la même longueur pour équilibrer le tout. C'est un point de vue. Pour ma part, je trouve que les chapitres ont la taille qu'ils ont en fonction de ce que j'ai à raconter. Comme certains d'entre vous ont pu le voir dans Stophos, la longueur des textes (on ne parle pas de chapitre, là, mais c'est la même logique) peut être extrêmement variable...
Est-ce que tous les chapitres, toutes les pages ont des phrases de même longueur?
Est-ce que tous les personnages parlent de la même façon?
Est-ce que tous les livres que vous écrivez (pour ceux qui en ont fini au moins un ^^) ont le même style ?
La même ambiance?
Le style et l'ambiance, c'est pas la même chose, me direz-vous.
C'est vrai.
Mais, au delà de l'univers que l'on a choisi pour mettre en place nos personnages, n'est-ce pas le style d'écriture qui fait l'ambiance d'un roman?
Le choix des champs lexicaux employés?
La longueur des phrases? Leur enchaînement ? Le rythme global qui se dégage de la lecture, et donc, forcément, les ruptures que l'on s'amuse à générer dans ce rythme...
Le Style, c'est propre à chacun.
Je suis on ne peut plus d'accord.
Je vois d'ici Shinro dire que c'est totalement faux, et que beaucoup de monde a un style totalement uniformisé et terriblement insipide, que tout se ressemble... (on n'a qu'à écouter la radio 20 minutes, ou regarder une chaîne "musicale" avec des clips pour comprendre de quoi je veux parler... toujours pareil...)
Idéalisons les choses, et imaginons un instant que les gens qui liront ces quelques lignes sont des personnes d'un niveau intellectuel suffisament élevé pour avoir leur propre style bien à eux...
Je disais donc...
Le Style, c'est propre à chacun...
Pour autant, un auteur est-il toujours dans le même style, dans le même registre?
La même question se pose pour les musiciens.
Est-ce que c'est l'artiste qui est au service de l'oeuvre qu'il produit, ou est-ce que c'est l'oeuvre qui est un produit de l'artiste? Ou bien est-ce les deux à la fois?
Je me suis rendu compte, en écrivant Nihil, et en retravaillant sur le début de la Quête, que mes styles varient beaucoup d'une oeuvre à l'autre. Je le savais déjà, mais, là, j'en ai vraiment pris conscience.
Le début de Nihil faisait un peu Stophos sur les bords.
Pour les 10-15 premières pages, ce n'est pas gênant. On a de l'info à toutes les pages, le fait que les textes soient courts et le fait qu'ils narrent des moments différents de la vie du héros ne posent pas trop de souci.
Mais à partir du moment où l'intrigue se lance vraiment (page 15, en gros... Vous voyez? Rien à voir avec Stophos !) ce style ne va plus du tout. Du coup, j'ai dû tout retravailler. Et je n'ai pas fini! loin de là.
Ce qu'il faut, pour Nihil, c'est être au plus proche du personnage. C'est vivre sa vie. C'est le suivre...
C'est, pour moi, auteur, l'obligation de passer du temps à raconter les choses (ça m'énerve, j'aime pas les descriptions, je trouve ça long... j'ai hâte d'écrire la suite... mais c'est comme ça. Si je veux que le lecteur rentre comme je le souhaite dans mon histoire, je n'ai pas vraiment le choix... Oh! Je ne vais pas me mettre à faire des descriptions à la Zola. Je laisse toujours à chacun sa part d'imagination. )
La dimension psychologique du héros est fondamentale et primordiale, dans ce projet.
Encore plus que dans Stophos, où on voit pourtant Fausseté passer par tous les états possibles et imaginables.
Pour ce faire, je vais être obligé de trouver un nouveau style, beaucoup plus immersif. Hors de question, donc, de refaire le coup de Stophos, où l'on met des textes auxquels on ne comprend pas grand chose avant la fin du livre.
Dans Stophos, le truc, c'est de suivre un mec qui ne comprend rien à ce qui lui arrive. Je me suis donc efforcé de mettre le lecteur dans la même posture. Dans Nihil, je veux qu'il comprenne le héros, qu'il vive avec lui, qu'il puisse presque le toucher. Qu'il le plaigne. Qu'il ait envie de le gifler, qu'il le haïsse... Qu'il l'aime. Peu importe. Mais qu'il le voie vivre.
Certes, on retrouve dans tous mes écrits littéraires des constructions qui peuvent se ressembler.
Que ce soit dans la gestion de l'intrigue ou au niveau de la construction des paragraphes, des phrases...
(L'Armant et Stophos sont bâtis exactement de la même façon, et trois actes, ayant dans les deux cas exactement la même fonction :
Acte 1: on ne comprend rien, mais on pose l'univers.
Acte 2, on développe l'histoire.
Acte 3: résolution.)
On retrouvera toujours,quelque soit le projet sur lequel je travaille, de temps en temps, un rythme particulier dans le découpage des textes ou des paragraphes, des tournures qui me sont propres, et tout et tout. Parce que j'aime bien ces découpages-là, tout simplement.
Mais, de façon globale, la longueur et la construction des phrases, ça varie.
Tout le temps.
Suivant ce que l'on a à dire.
D'un livre à l'autre.
D'un chapitre à l'autre.
D'un paragraphe à l'autre...
Dans le même livre, le style varie suivant les temps forts de la narration.
Je trouve donc logique de penser que, a fortiori, le style a d'autant plus de chances de varier d'un livre à l'autre, surtout si l'univers de référence change (si l'on passe du médiéval à la SF, il est normal qu'il y ait des modifications d'ambiance...)
Mais l'univers ne fait pas tout.
La Quête et Nihil, c'est le même monde.
Il n'y a que quelques siècles d'écart, mais ça ne change rien : technologiquement, c'est exactement le même monde.
Le même monde, donc, mais pas la même histoire.
Pas la même finalité.
Pas les mêmes enjeux (je ne veux pas faire passer la même chose au lecteur).
Nihil, c'est la vie d'un homme. Avec ses rêves, ses espoirs, ses déceptions...
LA Quête, c'est une histoire, une intrigue. Les personnages sont tous traités dans leur dimension psychologique, mais le rendu n'est pas du tout le même, parce que la finalité n'est pas du tout la même.
Je dis ça alors que Nihil n'est pas terminé... ^^
J'espère que j'aurai le niveau suffisant pour le faire comme je l'ai dans ma tête...
Je compte sur les conseils avisé de Shinro-sama pour m'aider dans ma Quête !
Vos avis, les choix que vous faites en écrivant, vos conceptions de la Littérature, ou de l'Ecriture m'intéressent, et je l'espère, intéresseront les courageux qui ont eu la curiosité intellectuelle de lire cet article jusqu'au bout.
Vous pouvez laisser toutes vos impressions, votre vécu (en rapport avec le sujet, bien sûr^^) en commentaire, sous cet article.